La ligne ferroviaire du TGM (Tunis-Goulette-Marsa), qui relie de nos jours Tunis à sa banlieue nord, offre aux voyageurs un paysage pittoresque sur les lagunes et le port industriel de La Goulette avant de se faufiler entre les blocs d’habitation. Des habitations qui n’auraient peut être pas vu le jour d’aussi tôt si les compagnies européennes ne disputèrent l’exploitation du premier chemin de fer de la régence.
Construit sur un tombolo comportant notamment une voie destinée au trafic bétonné, il y a plus d’un siècle le train serpentait jusqu’au Bardo où se trouve le palais royal. Il passait jadis par les terrains vierges et agricoles qui entouraient faubourgs, domaines de dignitaires, résidences beylicales et bâtisses administratives. L’évolution urbaine et la rareté des photographies prises à cette époque nous privent d’une esthétique des lieux a posteriori.
Le réseau est inauguré le 31 aout 1872 par Sadok Bey. Jusqu’à 1878, la gare se trouve à rue de Rome. La ligne traverse l’actuelle avenue de Paris, longe les rives du lac de Tunis pour atteindre La Goulette. Des documents en langue arabe rapportent que cette zone de Tunis était en friche, des terrains essentiellement marécageux. La gare dessert aussi la ligne terminus Bardo. Celle-ci parcourt les remparts de la médina de Tunis dans la direction de Bab Saadoun. Le TGM passe par les oliveraies et les petites plantations qui occupaient la côte avant l’urbanisation de la banlieue nord.
Après l’abandon de sa fonction de transport de marchandises, on a vu dans le TGM un nouveau potentiel.
Il est cependant possible de percevoir l’influence du chemin de fer sur le développement et le peuplement de la banlieue. La bourgeoisie avait alors pris l’habitude (…) de construire des villas pour l’été sur l’emplacement de l’antique Carthage ou le long de la belle plage de la Marsa. La pratique des bains de mer se répandit, la création du T.G.M. permettant l’aménagement des plages et des lieux de plaisir qui attiraient les Tunisois désireux de fuir la chaleur étouffante de leur cité.
Debernardi Laurent
À la fin du XIXe s., les européens ont aussi eu l’opportunité de s’établir dans plusieurs quartiers de la zone urbaine allant de La Goulette au village de Sidi Bou Saïd.
Le quartier occidental de Tunis au XIXe. s
Référence:
Debernardi Laurent. Le premier chemin de fer tunisien, le T. G. M. (1870-1898). In: Revue française d’histoire d’outre-mer, tome 50, n°179, deuxième trimestre 1963. pp. 197-226.