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Capsules sur la Tunisie moderne

Les écoles de jeunes filles à Tunis, un terrain d’expérience des Nouvelles pédagogies

Les nouvelles pédagogies étaient en vogue à l’heure de l’instauration du système éducatif colonial en Tunisie.

Pour la politique française, la réforme de l’éducation nationale gagnerait à adopter les nouvelles approches pédagogiques et assurer l’adéquation de la stratégie aux différents niveaux et contextes d’apprentissage. Les travaux d’organisation du système d’enseignement du protectorat tunisien ont montré l’importance de prendre en considération les conditions culturelles et économiques des moult groupes sociaux du pays.

Marie-Anne Carroi (1898-1974), pédagogue, et philosophe française, a participé aux recherches menées dans le cadre de la réforme en focalisant particulièrement sur la scolarisation des femmes.

L’application des idées de Dewey et de Cousinet

L’aventure scientifique et humaine de Carroi dans le Maghreb a débuté lors de sa première visite au Maroc en 1923. Lorsqu’elle s’installe à Tunis pour la première fois en 1925, plusieurs initiatives sont déjà lancées pour assurer l’éducation des jeunes filles européennes et indigènes. Le protectorat s’est avéré pour elle un cas d’étude intéressant. L’école des jeunes filles musulmanes de la rue du Pacha figure d’ailleurs dans ses recherches. Carroi souligne que cet établissement, fréquenté par les enfants de la bourgeoisie tunisienne, a formé la fameuse Tawhida Ben Cheikh, première femme médecin dans le monde arabe.

La mission de la pédagogue prit une tournure militante lorsqu’elle s’est confrontée à la condition des filles issues de familles pauvres. Les théories pédagogiques qui lui tiennent à cœur ont trouvé dans la problématique de la formation de futures femmes libres et financièrement autonomes un terrain d’application. Les enjeux furent multiples et ardus. Il a fallu surtout trouver des solutions fiables pour inciter les familles à scolariser leurs filles. Concernant les programmes éducatifs, les influences des pensées avant-gardistes du philosophe américain John Dewey et du pédagogue français Roger Cousinet ont amené Carroi à favoriser l’expérience pour cultiver l’autonomie, la réflexion, l’observation sur terrain et l’esprit d’initiative des apprenants.

« Un ensemble d’élèves est chargé de traiter une problématique générale, puis des sous- groupes sont constitués pour traiter de sous-questions. Par exemple : un groupe d’élèves doit étudier les « rapports de l’art et de la société chez les Grecs » un autre chez les Romains, et un dernier chez les Arabes. Au sein de chaque groupe, les rôles se répartissent entre les élèves (…) S’ensuit la préparations de l’exposé : « Ce qu’apporte l’élève n’est point une leçon de manuel qu’on a déjà rabâchée, c’est du neuf ; il faut comprendre, retenir, noter, poser des questions qui obligent à compléter et approfondir » »

Alexandre Fontaine et Xavier Riondet
Référence :

Alexandre Fontaine et Xavier Riondet, L’École sous le Protectorat tunisien, un terrain d’expérimentation de l’Éducation nouvelle ? Transferts et passages dans la trajectoire de Marie-Anne Carroi, Les Études sociales, no169, 1er semestre 2019, p. 253-273.

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