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Capsules sur la Tunisie moderne

Les parfums d’une Tunisie racontée

Au tournant du XXe siècle, les plumes des Français établis ou de passage en Tunisie n’ont pas épuisé leurs stocks d’images exotiques. Poèmes et contes, études historiques, anthropologiques et archéologiques rapportent des récits de villes, de palais, de cérémonies, de mœurs, de femmes et d’hommes, dont le charme et le mystère nourrissent les désirs de découvertes et d’expressions esthétiques. Mille et une couleurs, lumières et senteurs ont capté les auteurs dans leurs promenades.

Des odeurs qui définissent des lieux et des habitudes

Dans la médina où les corporations de métiers conservent jusqu’aujourd’hui des gestes millénaires, on découvre les parfums de la cuisine locale sur les étalages des épiciers. Les stimuli olfactifs agréables ou indésirables donnent aux auteurs la matière nécessaire au réalisme romanesque.

Il chemine dans des ruelles qui sentent l’huile d’olive, le charbon de bois incandescent, la graisse brulée, l’urine et le benjoin.

Georges Duhamel, Le prince Jaffar, 1924.

Le souk des parfumeurs est un abrégé odorant de la coquetterie et des rituels religieux de l’orient.

À ses côtés, derrière lui, partout des boîtes, des caisses, des flacons, pleins d’essence de rose, de jasmin, de géranium et de parfums à base d’ambre, de benjoin, de camphre, d’huiles essentielles de lentisque ou de romarin et de cornes remplies de sbeb. Toutes ces senteurs mêlées répandent dans ce souk une odeur pénétrante et forte qui porte vite à la tête de l’étranger s’il y séjourne longtemps.

Auguste Pavy, La Tunisie, autrefois et aujourd’hui, 1895.

Sur une terrasse de café ou parmi les passants, un vendeur de fleurs surprend le touriste européen par ses bijoux unisexes et éphémères. Le machmoum est un montage de jasmins cueillis dès l’aube pour conserver la fraicheur de leurs pétales et leur senteur. Cette fleur, le compagnon des activités diurnes et nocturnes, pare les oreilles des hommes et les bustes des femmes durant les cérémonies de mariages.

Ferdinand Huard, 1902.

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